Ces Messieurs de la Compagnie: fabriquer un jeu de plateau de standard professionnel
Animer des groupes de projet autour d'un objectif commun

Ces Messieurs de la Compagnie....
Après ma première expérience de jeu d'histoire (De Dunkerque à Tamanrasset ), ce second jeu m'a été inspiré par la 3e partie du programme d'histoire de Seconde en Bac Pro, et plus particulièrement par le commerce colonial. La grande complexité et la longueur de jeu de ma première réalisation m'avaient amené à réfléchir prioritairement à des mécanismes simples et rapides pour faire comprendre et intégrer le commerce colonial, donc des règles plus proches d'un jeu de société que d'une simulation "poussée".
Un autre facteur qui a amené à cette décision de faire un jeu de société "grand public" était le parc de machines dont dispose mon entreprise le Pôle Formation UIMM de Champagne Ardenne. Nous avons en effet à cœur de former nos apprentis et stagiaires sur les machines les plus en phase avec les équipements les plus récents dont disposent les entreprises qui nous font confiance.
De cela il découle que nous avons au Pôle Formation les personnes et les machines les plus capables de produire de beaux objets et il m'avait paru intéressant de fédérer apprentis et formateurs généraux et techniques autour d'un projet qui illustre la capacité de production de notre centre et le professionnalisme de nos apprentis.
Les objectifs pédagogiques
Ils sont de deux ordres:
- historiques (comprendre et expliquer le commerce colonial)
- transversaux, ce que depuis on qualifie de softskills : patience et capacité à interagir, ainsi qu'optimisation des règles.

Les composants
La réalisation de ce jeu avec de "vraies" pièces a permis la réalisation d'un rêve de gosse.
Professionnellement ça a été l'occasion de mettre en œuvre quelques moyens légers dont nous disposons au Pôle Formation UIMM de Champagne Ardenne ainsi que deux logiciels dont l'un courant en industrie.
Le plateau de jeu
Je suis parti d'une carte du début du XVIIIe siècle que j'ai modifiée avec GNU Image Manipulation Program aka Gimp, logiciel de dessin gratuit et assez simple de prise en main mais qui permet des modifications assez fines.

Une mappemonde de cette époque a pour elle une esthétique très particulière et qui permet de se plonger dans le jeu. Par ailleurs c'est l'occasion d'un petit point sur les connaissances cartographiques de l'époque. J'ai malheureusement dû commencer par effacer les cartouches et magnifiques figures ornementales car elles occupaient des espaces qui seraient nécessaires aux différents emplacements des composants du jeu.

L'étape suivante a été de placer les différents comptoirs, la plupart situés en Amérique, les deux comptoirs d'esclaves en Afrique, et quelques uns en Asie.

Il m'est ensuite resté à placer les cases séparant ces comptoirs de l'Europe ainsi que les différentes "boîtes" pour les cartes et autres éléments de jeu.
Le design a évolué a plusieurs reprises en raison des tests qui ont montré tel ou tel problème (icônes inadaptées, emplacements trop encombrés, faible attractivité des épices et porcelaine en termes de jeu qui les rendaient peu utilisées) et amené les ajustements nécessaires, pour arriver à la version définitive.

La première modification: remplacement des icônes représentant l'esclavage. Le fond de l'icône porte une connotation (inspirée par l'appellation "bois d'ébène" dont l'auteur avait oublié l'origine qui lui a été rappelée lors d'un premier test). De plus la représentation des esclaves risque de les associer dans l'esprit des joueurs à un physique particulier.
La nouvelle icône: des fers sur un fond rouge, rappelle le fond de ce commerce, la privation d'individu et un commerce de sang.

Une première option pour donner aux chinoiseries et épices un intérêt ludique: créer une case "Philippines" et leur donner plus de valeur à la revente, tant aux Philippines qu'en Europe (option abandonnée).

Version finale conçue pour résoudre le problème d'encombrement des cases qui nuisait à la prise de connaissance de la nature des marchandises et des noms des comptoirs. Création du parcours "flotte des Philippines" pour régler le problème des chinoiseries et épices.
Les pièces de jeu
Je comptais profiter des imprimantes 3D de bureau que nous avons au Pôle Formation UIMM de Champagne Ardenne pour créer des pièces à la hauteur de ce qui se fait dans les jeux de société commerciaux.
Il n'y avait qu'une difficulté: il faut modéliser ces pièces en DAO et je ne connaissais strictement rien à Topsolid ou Solidworks. Depuis je me suis un peu initié au second mais ne serais toujours pas capable de modéliser ces pièces.
Qu'à cela ne tienne. Nous formons des outilleurs et usineurs qui apprennent à utiliser Topsolid dans le cadre de leur cursus de Bac Pro. Ce serait une magnifique occasion de s'exercer durant leurs cours de DAO.
Nous sommes partis par la définition d'un cahier des charges: dimensions des pièces, cotes à respecter et contraintes pratiques et esthétiques.
Les apprentis ont ensuite conçu les modélisations sous Topsolid, avant que je les bascule sous le logiciel de l'imprimante 3D Mankati . Le visuel sur le plateau donne ceci.

L'imprimante n'étant pas forcément paramétrée ou adaptée pour "imprimer" les mâts, des emplacements avaient été prévus pour insérer des tiges de baguette à souder qui seraient en outre plus résistantes.

Les dés n'étant pas des dés à 6 faces standard (marquage 1-2-3-4-5-6) ni des dés de moyenne, nous les avions également imprimés.
Une fois imprimées voici ce que donnent ces pièces.
Il ne reste plus alors qu'à insérer les mâts et peindre les pièces.

Les pions plastiques représentant les marchandises ont eux été découpés à la découpe laser. Cette tâche a été complètement exécutée par mes soins, de la conception à la découpe des pions.