Dijon - juillet 2020
J'étais arrivé à Dijon vers onze heures, Laure était déjà là, près de l'église Saint Michel où nous nous étions donné rendez-vous. Elle me demandait par messages si je n'avais pas de difficultés et où j'étais tandis que j'étais en train de me garer un peu en dehors du centre ville, pas trop loin de l'hôtel que j'avais réservé pour y passer la nuit mais dont je comptais prendre les clés en début d'après-midi.
Je répondais de mon mieux à ses messages, pressant le pas pour la voir et ne pas la faire attendre. Elle devait se ronger les sangs à se demander comment j'allais la trouver et je ne voulais pas qu'elle subisse cela trop longtemps. Je me dépêchais donc tout en tapant mes messages pour ne pas lui laisser penser que j'étais trop occupé pour elle. Finalement je l'avais appelée pour pouvoir parler en marchant et ainsi marcher plus vite.
Je ne la voyais toujours pas et lui demandai où elle était alors que j'abordais l'imposante église qui se révéla être l'Eglise Saint Etienne de Dijon. Il y avait un peu trop d'églises dans ce centre. Pestant intérieurement et lui demandant joyeusement pardon au téléphone je retournai sur mes pas et atteignis enfin la bonne église. Je lui demandai où elle était tandis que je contournais le côté de l'église en travaux pour enfin accéder au parvis.
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, j'eus le souffle coupé et je souris presque malgré moi. Sa silhouette élancée était reconnaissable entre mille dans cette foule clairsemée d'anonymes. Elle me cherchait du regard, tournant la tête de droite et de gauche pour m'apercevoir tout en continuant à me parler dans l'oreille. Je lui dis au téléphone d'où j'arrivais et que je la voyais. Elle tourna sa tête, balayant le parvis du regard et se détendit quand elle m'aperçut. Son sourire rayonnait, toute les appréhensions semblaient s'être envolées de ses épaules et elle se redressa. Il faisait beau et elle portait un simple débardeur rouge à bretelles fines avec un jean. Simple, si tant est que quelque chose sur elle ait jamais pu avoir l'air autre chose que sophistiqué.
Je pressai le pas, porté par le désir de la prendre dans mes bras et nous nous embrassâmes.. Elle se figea ensuite, ses grands yeux plongés dans les miens, et me demanda si elle pouvait toucher mon visage. Ses doigts effleurèrent lentement et délicatement mes joues. Je lui demandai en souriant ce qu'elle faisait. Elle me répondit d'une voix émue qu'elle imprimait mes traits pour mieux s'en souvenir plus tard. Elle pleurait. Mais elle pleurait souvent quand elle était émue, et elle l'était souvent car elle était sensible. J'adorais cette sensibilité, étais surpris de la déclencher et un peu gêné car par contraste je me sentais un rustre incapable d'exprimer autant d'amour. Je me sentis toujours un peu injustement favorisé par rapport au commun des mortels de susciter de l'amour chez cette amie merveilleuse. J'embrassai son épaule nue et la douceur de cette peau et son parfum légèrement poivré me chavirait.
Nous décidâmes de visiter l'église pour apaiser ou divertir les voix intérieures qui nous étourdissaient l'un et l'autre.
Je passai mon bras autour de sa taille, ma main n'osant pour le moment s'aventurer sous son débardeur pour caresser sa peau et nous entrâmes ainsi dans l'église dédiée à Saint Michel. J'avais découvert peu de temps avant que Michel n'était à proprement parler pas un saint, c'est-à-dire un homme particulièrement pieux et canonisé par l'Eglise en raison de cela, mais un archange, chef de la milice céleste des anges du Bien En raison de cela, il avait une place importante dans la propagande royale de la monarchie française qui se présentait souvent comme rempart de l'Eglise catholique depuis Clovis et surtout Charlemagne. J'expliquai ensuite comment Louis XI avait créé un ordre de Saint Michel pour faire pièce à l'ordre de la Toison d'Or créé quelques années plus tôt par Philippe le Bon, duc de Bourgogne dont le palais n'était pas très loin, à deux cent mètres, car il était en conflit avec ce dernier. Comment dans ces guerres, les ordres de chevalerie jouaient un rôle de propagande important en fédérant les personnalités autour des souverains ou grands nobles. J'expliquai cela à Laure et elle m'écoutait en riant et en me relançant par des questions toujours les plus pertinentes. Elle aimait m'entendre expliquer ainsi les choses en prenant à la fois un ton docte et complice, comme si je me contentais de rappeler des évidences.
Je lui racontais cela pour le plaisir de voir ses yeux briller d'admiration et car elle s'intéressait à ce mon bavardage comme elle s'intéressait à tout, avec passion. Je l'adorais pour cela entre autres.Mais je lui racontais aussi cela pour distraire mes lèvres de la tentation brûlante de lui dire comme j'avais envie d'elle, de sa peau et de son corps. Ma main d'ailleurs s'était maintenant égarée dans sa poche de jean, pour être plus près de sa fesse dont je sentais la chaleur sous l'étoffe, mais aussi pour la rapprocher de moi.
Elle m'écoutait par plaisir que je parle à son esprit et car elle aimait m'entendre expliquer les choses, leur donner du sens, les lier entre elles de façon parfois inattendue. Elle aimait mon esprit et elle aimait que cet esprit s'adresse au sien comme un égal même si des fois elle appréhendait d'être ignorante à mes yeux. Elle me l'avait d'ailleurs déjà confié et je m'étais insurgé, ne comprenant pas comment elle pouvait même penser cela. Elle n'en savait certes pas autant que moi en histoire mais ce sujet me passionnait. Elle avait des tas d'autres connaissances que je n'avais pas en peinture et en histoire des arts pour ne parler que de cela et pour autant elle ne me prenait pas pour un idiot. Chacun avait ses centres d'intérêt privilégiés et c'était merveilleux qu'elle sache autant s'intéresser à d'autres choses que ses goûts habituels . Elle adorait ma capacité à la rassurer et à m'intéresser à son esprit.
Mais à cet instant, elle souhaitait de plus en plus au fond d'elle accéder à ma peau, à mes lèvres, à mon corps, le sentir contre le sien, et pourtant elle écoutait et relançait cette conversation de guide touristique pour retarder le moment où elle ne pourrait s'empêcher de m'enlacer.
Nous sortîmes de l'église après avoir scrupuleusement regardé chaque sculpture. La communauté de nos goûts ressortait à chaque remarque, chaque sujet d'admiration ou de plaisanterie. Nous plaisantâmes sur le confessionnal où nous aurions pu, disions-nous en riant, nous enfermer immédiatement puis nous reprîmes notre promenade, regrettant un peu de ne pas avoir donné suite à cette envie énoncée pour rire.
Nous nous étions assis à la terrasse du premier café situé sur une place calme et ombragée et avions commandé une bière. Nous bavardions vivement et nos regards brûlants se croisaient souvent, nos mains se caressant du bout des doigts comme malgré nous. Il faisait beau et le monde était beau autour de nous, comme cette dame avec ses petits enfants à la table d'à côté avec qui nous avions échangé quelques mots, nous qui d'ordinaire nous serions définis comme un peu réservés.
Nous allâmes ensuite déjeuner et Laure me demanda si j'avais une préférence. Je n'en avais pas d'autre que celle d'être avec elle et nous décidâmes de nous promener pour nous arrêter là où il nous plairait. Nos pas nous portèrent vers le palais des Ducs et des Etats de Bourgogne et nous nous enlaçâmes plusieurs fois. Je ne me lassais pas de la serrer dans mes bras, de sentir la douceur de sa peau sous mes doigts.
Mes mains s'étaient déjà aventurées un peu plus dans son jean, touchant la chaleur du haut de ses fesses. Ses doigts paressaient de plus en plus dans mes boucles blondes lorsque nous nous embrassions et une ou deux fois déjà ses mains s'étaient égarées au creux de mes reins, sous mon tee-shirt. Nous ne nous lassions pas de nos lèvres soudées les unes aux autres ni du ballet de nos langues et pourtant nous dûmes plusieurs fois reprendre notre marche, chaque fois étant un arrachement que seul apaisait le contact de nos mains et de nos yeux.
Nous déjeunâmes finalement dans un petit restaurant japonais, en terrasse pour profiter du soleil et nous commandâmes. Plus précisément je m'en remis à son expérience en matière de sushis, sashimis makis et soupes et suivis ses recommandations données avec des rires et des sourires qui me faisaient fondre. Le déjeuner ne fut pas apprécié autant qu'il l'aurait mérité car l'impatience du corps de l'autre nous submergeait tous deux. Tous les efforts pour divertir cette impatience n'aboutissaient qu'à la renforcer.
Le repas fut englouti rapidement car il était enfin temps de prendre les clés de ma chambre d'hôtel. Nous réglâmes rapidement l'addition puis allongeâmes le pas pour nous remettre en route. Nous étions pressés certes par notre impatience de jouir de tout l'autre mais aussi car nous savions tous deux que nous n'aurions que l'après-midi pour nous aimer. Nous nous étions souvent dit dans les jours précédent avec un mélange d'espoir et de désespoir que cette rencontre en vrai révélerait le côté virtuel de nos sentiments. Nous savions maintenant que nous avions tort tous deux tort si tant est que nous ayions vraiment cru à cette hypothèse. Nous éprouvions tous deux un furieux désir l'un de l'autre et étions conscients que nous ne nous verrions que trop peu. Nous voulions donc remplir nos sens de souvenirs jusqu'à une prochaine fois dont nous ne savaient pas quand ni même si elle se produirait.
A l'hôtel, je fis de mon mieux pour avoir l'air normal en réclamant les clés à la réception. Je me sentis terriblement commun, terriblement dans le cliché de l'homme prenant un hôtel pour coucher avec une femme qui n'est pas la sienne. Laure, restée soigneusement à l'écart, examinait attentivement pour se donner une contenance le distributeur de boissons avant d'opter pour deux bouteilles d'eau gazeuse. Puis nous montâmes ensemble avec l'air le plus naturel possible vers la chambre devant la porte de laquelle nous nous embrassâmes avant de l'ouvrir et d'y entrer. C'était une petite chambre sans âme mais relativement confortable pour ce que nous comptions y faire.
Laure ferma brutalement la porte derrière moi avant de me débarrasser de mon tee-shirt bleu. Je fis subir aussitôt après le même sort à son débardeur. Nous débouclâmes nos ceintures et fîmes glisser nos pantalons avant même d'enlever nos chaussures, nous tortillant pour finir ce délicat exercice. J'y parvins le premier ; Laure empêtrée dans des chaussures de randonnée dût s'asseoir sur le lit pour les enlever.
Elle avait à peine fini que je la poussai en arrière avant d'arracher son pantalon et sa culotte. Je ne pus résister plus longtemps à l'envie de sa toison qui me brûlait depuis le matin et me jetais à genoux pour l'embrasser. Elle gémit dès qu'elle sentit ma langue caresser son sexe déjà trempé. Ses odeurs subtiles et indescriptibles chaviraient tout mon corps et inhibaient tout ce qui n'était pas sexuel. Je léchai passionnément et profondément sa fente, suçant et jouant avec le bouton de rose qui durcissait sous les caresses de ma langue. Ses gémissements et petits cris m'enivraient et je me redressai pour glisser mon pénis gorgé de désir dans la vulve empourprée de Laure. Elle dut m'aider d'une main experte et je forçai enfin les voiles impudiques de son intimité. Elle avait ouvert ses cuisses et les maintenait à bouts de bras pour mieux accueillir mes assauts. Elle se mordait les lèvres et je fus fasciné par la couleur dorée que ses yeux avaient pris, comme si tout le marron avait reflué sur les bords de l'iris sous le coup du plaisir. Les traits de Laure et ses yeux d'or liquide trahissaient la montée du plaisir à chacun de mes coups de reins. Elle m'encourageait d'une voix rauque à être encore plus vigoureux et plus rapide, me suppliait de garder le même rythme, gémissait qu'elle allait venir. Je me sentais puissant, avais remonté ses cuisses sur la saignée de mes coudes et je sentais son corps voluptueux sous le mien tendu par l'effort. Elle plongeait ses yeux dans les miens où les rayons de soleil qu'elle voyait danser faisaient monter son désir et son plaisir, ses mains crispées sur mes fesses m'imposer le rythme. Je saisis sa jambe gauche, la maintint contre mon torse, mes lèvres effleurant la peau douce de son mollet tandis que je continuais mes assauts dans son ventre. La passant sur mon autre épaule, je la rabattis sur l'autre cuisse avant d'ordonner à Laure de se retourner et de se mettre à quatre pattes. Elle s'exécuta avec empressement et me présenta ses fesses fermes où le bronzage des premiers jours de l'été avait déjà laissé sa trace. Le contraste de la peau blanche et de la peau bronzée m'excita et je replongeai mon sexe dans sa chair ferme et ouverte. Nous continuâmes jusqu'à ce que la fatigue me contraigne à un répit.
Elle m'ordonna de rester allongé et se coula au-dessus de moi, ses lèvres pulpeuses et humides embrassant ma bouche puis mon torse, glissant doucement sur mes mamelons puis sur mon ventre, sur mes cuisses. Cette brise continue et répétée qui s'attardait maintenant sur mes cuisses avant de se poser sur mes testicules me faisaient frissonner comme une brise légère. Je soupirai et grognai de plaisir, relevant un peu ma nuque pour la voir appliquée sur mon corps, sa masse de cheveux me caressant doucement au fil de ses pérégrinations, ses fesses magnifiques cambrées. Ses baisers se posaient à présent sur ma verge puis sur mon gland qu'elle titillait du bout de la langue. Je la sentis redescendre à la base de mon sexe pour le remonter puis elle referma ses lèvres sur ma chair. Je fermai les yeux de plaisir, mille pensées se bousculant dans mon crâne tandis que Laure se concentrait sur notre plaisir commun et sur ces caresses que sa bouche me prodiguait. Je murmurai des encouragements entrecoupés de râles et de feulements. Nous suions abondamment et nos gorges étaient sèches.
Nous prîmes une douche dans la salle de bain minuscule de cette chambre d'hôtel pour nous rafraîchir. Elle s'était levée avant moi et j'en avais profité pour admirer la courbure de son ventre et de ses fesses ondulant sous mes regards nous nous lavâmes l'un après l'autre en nous savonnant l'un l'autre avant de nous enlacer sous le jet d'eau fraîche qui balayait nos sueurs. Je n'avais de mémoire jamais ressenti le mélange de joie, d'admiration et de fierté que je ressentais en lisant dans les yeux de Laure le plaisir que je lui donnais. Hâtivement ressuyés, nous revînmes à la chambre et au lit sur lequel Laure me poussa à son tour en riant. surpris je ris aussi, ne sachant précisément ce qui suivrait mais ne doutant pas du plaisir qui irait avec. Elle vint sur moi et posa doucement ses lèvres fraîches sur les miennes, débutant une nouvelle mêlée dans laquelle les deux langues vinrent prêter secours.
Nous nous embrassâmes ainsi plusieurs minutes puis je lui ordonnai doucement de venir sur ma bouche. Je soupirai quand elle s'exécuta, heureux de sentir la chaleur de ses cuisses et de son ventre sur moi, son parfum musqué et camphré mêlé aux parfums plus subtils de son ventre et de sa toison. J'imprimai mes mains sur ses fesses charnues et caressai sa chair et son bourgeon de rose du plat et du bout de la langue, le suçant et l'enroulant par moments. Les gémissements, les frémissements et les spasmes que mes caresses lui arrachaient me transportaient d'extase, Mon corps en ébulition réclamait à présent autre chose et je me glissai brusquement sous son corps pour m'agenouiller derrière elle, la saisir par les hanches et forcer ma verge dans son sexe trempé. Elle poussa un petit cri ou un petit rire de surprise et cambra un peu plus son joli dos pour mieux m'offrir ses fesses et je la pris ainsi jusqu'à ce qu'elle me supplie d'arrêter, son plaisir devenu trop douloureux, ses muscles spasmant autour de mon sexe..
Nous nous affaissâmes enfin, continuant de nous toucher et de nous caresser, repus. Notre violent désir apaisé, nos caresses n'étaient plus que tendresse pure. Nous nous regardions en murmurant le plaisir que nous avions de nous être enfin rencontrés et notre admiration pour le corps de l'autre. Nous nous inquiétions l'un pour l'autre du plaisir reçu. Nos yeux brillaient encore de ce plaisir que nous nous étions offerts l'un à l'autre. Nous ne voulions pas voir le temps qui défilait inexorablement, sourd à nos prières muettes. L'heure tournait et nous ne pouvions nous résoudre à nous séparer. Nous nous fîmes violence pour se lever mais nous fûmes finalement habillés. Je la raccompagnais à sa voiture et nous arrêtâmes à une terrasse pour reculer encore un peu le moment de cette séparation que nous redoutions. La tristesse tombait peu à peu sur notre bavardage comme la nuit tombe même sur la plus belle journée d'été. Nous payâmes et retrouvâmes sa voiture. Nous nous y serrâmes encore longuement pour glaner un peu plus de souvenirs de l'autre à emporter et à chérir dans la séparation que nous nous préparions à subir de nouveau. Laure pleurait doucement et je sentais venir le moment où je pleurerais aussi. Je lui dit avec la bravoure du condamné qui monte à l'échafaud "à tout à l'heure". Nous avions adopté cette formule pour ne pas avoir à nous projeter dans des manques trop longs de l'autre, l'embrassais puis partis brutalement et d'un pas vif. Je n'ai jamais aimé les au-revoirs et celui-ci était plus que tous les autres douloureux. Laure me regarda partir puis démarra, les yeux embués de larmes.
Nous échangeâmes ce soir-là comme nous échangions maintenant depuis sept mois puis nous couchâmes dans nos lits trop grands, des souvenirs merveilleux au cœur, avec la certitude que nous nous reverrions dès que nous pourrions et l'appréhension de ne plus le pouvoir. Je rentrais le lendemain dans les Ardennes, le cœur transporté d'avoir fait l'amour à Laure, et je me perdis au retour préférant prendre les petites routes que l'autoroute, répugnant peut-être à quitter si vite le lieu où elle vivait.