Les généraux de l'Armée du Potomac - V

16/07/2024

Georges Gordon Meade

(28 juin 1863 – avril 1865)


Sous son commandement, l'Armée du Potomac connaît enfin son rythme de croisière, après deux ans de tâtonnements et de remaniements. Il restera son commandant jusqu'à la fin de la guerre, même s'il passera la dernière année de guerre sous la tutelle directe de Grant, promu général en chef des armées de l'Union.

Antécédents :

G.G. Meade est sorti comme nombre d'officiers de West Point, et a servi dans le génie. Au début de la guerre civile il commande une brigade de volontaires de Pennsylvanie durant la campagne du printemps 1862, puis une division durant la campagne d'Antietam sous le commandement de Hooker, puis le Ve corps toujours sous le commandement de Hooker devenu général de l'Armée du Potomac.

Durant tous ces commandements, il démontre ses aptitudes à gérer des unités et à attaquer.

Nomination :

John F Reynolds
John F Reynolds

A l'origine cependant, Lincoln envisage le commandant du Ier Corps, John F. Reynolds pour succéder à Hooker dont il a accepté la démission le 28 juin 1863. Mais Reynolds pose comme condition à sa nomination de ne pas avoir d'interférences du gouvernement dans son commandement. Lincoln soucieux de garder la main et peut-être lassé des caprices de généraux n'insiste pas.

Par ailleurs, il n'est pas inutile de rappeler qu'avant 1945, les Etats Unis n'ont jamais cherché à avoir une armée trop puissante précisément par crainte qu'elle ne devienne le bras armé d'une dictature, et les propos de Hooker ou de certains proches de Mac Clellan sur une dictature ont pu sincèrement inquiéter le président

Il nomme donc George G. Meade, à un moment où les Sudistes ont envahi la Pennsylvanie , menaçant les villes du nord et plus particulièrement la capitale.

Le nouveau général n'est pas une star. Il n'est pas charismatique et ne cherche pas la gloire. Il est sévère, parfois irritable et brusque. Ce n'est ni Mac Clellan, ni Pope, ni Hooker. Cependant, il est réfléchi, méthodique, ordonné et sait déléguer et écouter..

Georges G. Meade
Georges G. Meade

Gettysburg :

Le 1er juillet, une division sudiste du corps de Hill entre en contact avec une division de cavalerie nordiste. Premier signe du changement des temps, c'est la cavalerie nordiste qui déniche une armée sudiste et non l'inverse.

Des deux côtés, les renforts affluent au fur et à mesure, permettant aux Nordistes de s'accrocher au terrain. 

1er juillet

Une division de cavalerie retarde durant environ 3 heures l'avancée des Sudistes, le temps d'être rejointe par le Ier corps (nordiste) de Reynolds. Ce dernier, abattu par un tireur d'élite sudiste (a priori un des premiers équipés d'une lunette de visée) est remplacé par Doubleday. Le but de ces retardements est d'empêcher les Sudistes d'occuper la ligne de hauteurs au sud et au sud-est de la ville.

Le IIe corps (sudiste) d'Ewell arrive du nord mais est contré par le XIe Corps (nordiste) d'Howard au milieu de la journée. En fin d'après midi,  la ligne de défense au nord de Gettysburg est évacuée lorsqu'il s'avère qu'elle n'est plus tenable. La retraite s'effectue cependant en bon ordre vers les hauteurs de Cemetery Ridge déjà occupées par une division nordiste en réserve. Le IIe corps (n) de Hancock arrive à ce moment, Hancock étant chargé par Meade de coordonner l'action des trois corps et d'évaluer la situation sur le terrain, et en particulier le meilleur endroit pour combattre. En accord avec Howard, ils optent pour la ligne Cemetery Hill/Cemetery Ridge/Little Round Top.

2 juillet

Dans la nuit, le gros des deux armées a rejoint le champ de bataille. 

La ligne défensive nordiste s'appuie sur une suite continue de reliefs. L'attaque sudiste débute au moment où Sickles positionne son IIIe Corps trop en avant de la ligne fédérale, malgré le refus de Meade. Ce dernier accourt dès qu'il s'aperçoit de l'insubordination mais les Confédérés ont déjà commencé l'attaque. Cela coûte à Meade la perte de son aile gauche, à Sickles une jambe, son IIIe corps et sa carrière militaire.

Cependant Meade ordonne à l'essentiel de ses réserves de se porter dans la brèche créée ce qui bloque l'avance sudiste.

Le restant de la journée consiste en assauts héroïques ou en boucheries (question d'appréciation) mais la ligne nordiste tient bon.

3 juillet

Devant l'échec de ses tentatives d'enveloppement Lee décide de tenter le tout pour le tout et un dernier assaut frontal, qui est un nouvel échec.

Meade a tenu la ligne, ménageant des réserves en temps utile, laissant ses subordonnés gérer leur zone du champ de bataille, mais veillant au respect de la marche d'ensemble.

Comme à l'accoutumée depuis deux ans, les simples soldats ont encaissé les pertes sans flancher. De part et d'autre les deux armées sont saignées et Meade décide donc de laisse échapper Lee tout en surveillant sa marche.

Cela ne lui sera pas autant reproché qu'à ses prédécesseurs car ses arguments sont valables : nécessité de reposer les troupes, de garantir les lignes de ravitaillement. Par ailleurs, il détaille le cheminement de l'armée adverse et ses propres mesures pour la harceler.

En bref il rend compte de façon factuelle de ses difficultés et laisse clairement percevoir au gouvernement qu'il prend en compte l'importance de cette poursuite même s'il ne peut la mener à bien immédiatement.

Opérations de l'automne 1863 :

Les deux armées se reportent vers la rivière Rapidan où elles s'étaient déjà affrontées au printemps. Meade parvient à repousser une attaque de Lee et renonce à une attaque sur les positions sudistes après une réunion d'état-major durant laquelle ses subordonnés se montrent réticents.

Là encore, les explications sont fournies au gouvernement. Du côté de la troupe, la « vieille tortue » y gagne la réputation méritée d'être soucieux de ne pas verser le sang de ses hommes pour rien. 

Cette réputation ne sera pas inutile quand Meade va se voir supervisé en mars 1864 par le nouveau lieutenant-général Ulysse S. Grant, commandant en chef de toutes les armées de l'Union, une période durant laquelle Meade se retrouvera donc à devoir travailler sous tutelle.

Les combats de l'année 1864-1865 vont en effet donner à l'humanité un avant-goût de première guerre mondiale.

Conclusions:

Meade n'est pas un manager charismatique, il ne délivre pas de plans grandioses. Cependant, en dépit de ce manque de charisme, ses collaborateurs font le job tout aussi correctement que sous les ordres de Mac Clellan.

Conclusion 1: le charisme n'est pas une qualité managériale. 

Cependant, il a une appréciation assez juste de son rôle exact. Il n'est pas en charge de la conduite de la guerre elle-même (rôle du président Lincoln et éventuellement du général en chef Halleck). 

Il a en charge l'Armée du Potomac et prend cette charge dans des circonstances où l'urgence est une réaction consistant en l'interception de l'armée de Lee et la neutralisation de la menace qu'elle fait planer sur Washington et Baltimore. Quand le contact est établi, il définit un plan général pour l'engagement.

Conclusion 2: un bon management implique la conscience précise du travail de chacun.

Il n'a pas en charge chaque corps de l'Armée du Potomac. Cela c'est le travail de chacun de ses subordonnés et il les laisse faire tant qu'ils ne compromettent pas le plan d'ensemble.

Conclusion 3: la confiance et la vigilance ne s'excluent pas. 

Cependant vigilance ne signifie pas intervention permanente. 

En faisant confiance à ses subordonnés Meade a sans doute tiré le meilleur d'eux-mêmes.


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